
Ni vampire, ni étrangleur, le lierre grimpant aime son support…
Le plus sage des sages vient de perdre son costume d’hiver. Dans les bois du petit vallon, le glas sonne au son des pies et des corneilles chamailleuses. Le grand frêne centenaire, autrefois endimanché d’une sublime cape verte, pleure son habit défunt. Dès lors, il sait qu’il ne lui restera plus longtemps à vivre au pied de la ferme qu’il a vu construire. L’homme en pensant bien faire est venu couper son vieil ami le lierre qui se transformera, peu à peu, en instrument de mort.
Mauvais choix
Funeste début d’histoire n’est-il pas? C’est que le lierre à une réputation peu reluisante parmi les hommes. Parasite, envahissant, poison, et j’en passe… que de qualificatifs nés d’imaginaires quelques peu obtus. Avez-vous vu sur les chemins de campagne, ces arbres portant piteusement le cadavre enlacé de feu leur compagnon grimpant? Les voilà séchés sur place, victimes d’une section de liane arbitraire opérée par un serial killer bien connu, j’ai nommé: l’homme.
Procès verbal…
« On pensait bien faire, le lierre étouffait le tronc! » dit l’accusé à la barre du tribunal des sylvains. L’avocat de la défense se leva. C’était un vieil orme dégarni au tronc grisâtre. De sa voix bruissante il dit: « Ne saviez-vous pas que la victime vivait en coopération avec son arbre? En l’assassinant, vous avez possiblement condamné son hôte à une mort lente par transmission de germes ». L’accusé dut se rendre à l’évidence, ce n’était pas son jour. Son frêne centenaire, la fierté de sa ferme allait y passer. Le lierre occis, en pourrissant sur le tronc, allait drainer toute une série de germe et de parasites potentiellement dangereux pour son arbre. Il ne pourra bientôt plus y accrocher la balançoire de sa fille, ni jouir de son ombre par temps de flânerie dominicale.
Une richesse au service de tous
Séchez vos larmes, tout n’est pas perdu! Très résistant, le lierre s’adapte à tous types de supports et, vivant, il ne cause pas de dégâts comme on pourrait le croire. Enfin presque, il n’entame que les murs fragiles et les matériaux de mauvaise qualité… vous savez, ces briques et ces crépis bon marché utilisés un peu partout dans le bâtiment low cost… . Coupé, il repousse et se bouture aisément si le terrain lui plaît.
En s’invitant sur un tronc, il abrite toute une faune et une flore utile à l’arbre et au voisinage. Et comble de coopération, il fleurit à la fin de l’automne pour être sur de ne pas concurrencer son hôte. Les insectes, comme par exemple les abeilles, en sont plus que reconnaissantes. Imaginez ça, un restaurant 3 nectars gratuit en fin de saison! Et c’est pas fini, oh que non! Ses fruits certes toxiques mais gras régalent en plein hiver les oiseaux à l’estomac solide.
Un couteau suisse végétal…
Rangez vos fourches et vos gourdins, éteignez vos torches incendiaires! Il n’est point le Dracula de la canopée, ni l’étrangleur des bas quartiers. Le lierre est l’ami fidèle des sylves sauvages et l’isolant naturel des saines bâtisses.
En ami des hommes sages, il isole les façades du froid hivernal. Par son évaporation, il rafraîchit les pièces en été. Ses vertus médicinales sont encore utilisées de nos jours, notamment contre les toux bénignes et autres affections respiratoires. Comble de gratitude, ses feuilles nous offrent des saponines à foison, pour réaliser notre lessive maison, simple et efficace.
Alors, heureux?

Utile et robuste, il est l’ami des maisons et l’habit toutes saisons
Moi qui cherchais cette information, me voici exaucée. J’ai remis en question ce qui m’avait été enseigné sur le lierre en trouvant dans ma forêt des chênes multicentenaires, cohabitant avec du très vieux et magnifique lierre, qui ne semblait pas l’étouffer le moins du monde. Comme c’est une de mes plantes préférée, ma joie est grande de savoir que son rôle est aussi important. Merci pour ce blog aussi utile que délicieux.
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