
Velours permanent et élégant
Sortie des bois sombres, à l’affut d’une perle de rosée et de quelques particules en suspension dans l’atmosphère, une petite spore virevolte dans l’air matinal et se pose sur un tapis de feuilles mortes. Quelques mois plus tard, le sol autrefois brun mêlé de touffes d’herbe jaunies s’est couvert d’un incroyable tapis de velours émeraude. Ici et là, quelques plantes percent joyeusement la moquette, telles des chandeliers verdoyants posés sur la table d’un bon seigneur. Voici la magie de la mousse, incroyable couturière des troncs lisses et costumière des pelouses ombrageuses.
Quel massacre…
Or, on la craint, pire on l’arrache du sol au moyen d’outils de torture aux noms barbares, tels l’horrible scarificateur ou le terrible couteau émousseur. Au diable les bourreaux des près et leurs techniques infâmes! Laissez donc vivre la mousse verdoyante qui pourtant aime et protège votre sol! Elle prépare amoureusement la terre pour recevoir les futures plantations spontanées ou volontaires, veillant à ce qu’il reste bien humide et gorgé de micro-organismes. La nuit, elle s’offre en festin aux papillons qui à leur tour attirent d’autres auxiliaires utiles à tout un écosystème. Elle est le sanctuaire des sans-abris et le banc de gare pour les oubliés de la pédofaune.
Injustice!
Là où pousse les bryophytes, l’air et le sol sont d’une rare qualité. Les mousses n’attaquent pas le support sur lequel elles sont installées. Elles ne penseraient jamais à mordre la main qui les accueille tout-de-même. Vous n’en verrez pas dans vos planches de cultures, mais sur les troncs et les branches qui les bordent, telles des filtres à particules aux vertus humidifiantes.
Tout un monde…
Prenez une loupe, ou mieux allongez-vous à plat-ventre pour observer la diversité des mousses. Plus de mille quatre cent espèces en Europe centrale forment une minuscule jungle dans la forêt et se languissent de votre attentions. Minis arbres, micro-fougères et autres cactus extraterrestres seront au rendez-vous pour vous émerveiller dans un mouchoir de poche. Peut-être même que vous aurez la chance de croiser un myriapode à la poursuite de collemboles sauteurs, ou alors la tête luisante d’une girolle entre deux feuilles, qui sait.
La mousse, onctueuse à au regard, saura se glisser dans le jardin en discrète compagne des pieds nus. Et lorsque nous dormirons, entre deux songes, elle filtrera l’air de nos légumes et absorbera le mucus des limaces en douce ouvrière des litières.
Mousse verte, la porte de mon jardin restera toujours ouverte!

La mousse fait partie de tout un écosystème
Ça ne fait pas longtemps que j’ai découvert vos articles, je les adore! Je les dévore! C’est un régale!
Merci!
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Quel plaisir votre compliment!
Merci beaucoup 🙂
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Très intéressant et très joliment écrit, merci 🙂
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