
Discret et nourricier pour les butineurs
La grande faux mécanique vient de passer dans le verger. Il ne reste qu’une délicate odeur de prairie fraîchement rasée de près. En s’y attardant un peu, entre deux andins d’herbe, on distingue quelques têtes blanches réunies en foule silencieuse. Ce sont les candides trèfles blancs, petits pompons guillerets butinés en masse par la caste bourdonnante des hymènoptères. Leurs feuilles délicates et trilobées n’ont pas été coupées. Cette petite plantule a compris l’astuce en se faisant toute petite si nécessaire, pour passer sous les crocs des fraiseuses et autres rotors bruyants du samedi matin. Il rampe ce coquin blanc, pour s’étendre et faire la nique aux grandes reines des près et autres oseilles sauvages des quartiers verts.
Un timide au grand coeur…
Le trèfle s’égare parfois sur le potager, entre deux radis et une amarante blette, mais il ne vas jamais très loin. Notre aimable trèfle préfère se fondre dans les grandes étendues d’herbes car on le sait un peu timide. C’est que la foule herbeuse l’apprécie bien. Tel un robin des bois, en plein jour, il vole l’azote à l’air pour le redonner à la terre… . Nos légumes en auraient bien besoin aussi, c’est pourquoi il est semé en engrais vert sur les plates-bandes des jardiniers en mal de sensations naturelles.
Pas filou du tout
Tout comme son cousin le trèfle des près violet, notre galant à frimousse de coton fait le bonheur des amateurs de pâtures. Dans notre assiette, ses petites têtes fleuries sont un délice en salade. Les jeunes feuilles fraîches au goût de pois accompagnent parcimonieusement les crudités. Cuites, elles se fondent en velouté d’herbes folles pour le plaisir des amateurs simples et gourmands.
Pas de doute, c’est un charmeur tranquille au vertus utiles. Dans toutes les combines, et par tous les temps, il est présent tel un valet de pied à l’affut d’une aide portée à bon escient. Aimons-le, malgré son teint blafard et sa fougue toute rangée, il nous le rendra bien sous la dent.
À ce flocon rampant des belles saisons, j’offre une petite illustration.

Le trèfle blanc, un atout pour tout